Les perturbateurs endocriniens

 Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien (PE)?

Ce sont des « substances étrangères à l’organisme, qui imitent les hormones naturelles ou interfèrent avec le système hormonal »

(définition de Santé Publique France)

Les glandes endocriniennes secrètent des hormones qui agissent comme des « messagers chimiques » dans notre organisme. Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle, étrangères à l’organisme. Elles peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur ses descendants.

Les cancers hormonaux-dépendants (prostate, testicule, sein), les perturbations du métabolisme (obésité, diabète), de la reproduction (diminution de la fertilité, puberté précoce chez les filles, micro pénis chez les garçons), les problèmes cardiovasculaires mais aussi les retards dans le développement, les troubles mentaux et du comportement, sont des effets potentiels des PE.

Les modes d’action des PE (Perturbateurs Endocriniens) sont particuliers

La particularité des perturbateurs endocriniens est de pouvoir agir à faible dose, de faibles doses sont parfois plus actives que des doses plus fortes. On dit souvent « c’est la dose qui fait le poison » ; ici ce n’est pas le cas.

Les effets des PE peuvent aussi se répercuter dans la descendance d’un individu, 2 à 3 générations ou plus après son exposition. C’est ce qu’on appelle les effets trans-générationnels.

S’ajoutent aussi les « effets cocktail ».Certaines substances peuvent être inoffensives seules mais toxiques ensemble.

(Source : Générations futures, rapport « exposition aux perturbateurs endocriniens, 23/02/2017)

Où trouve-t-on les perturbateurs endocriniens (PE)?

Ces PE sont présents dans notre environnement quotidien et sont systématiquement présents dans le corps humain (urine, sang, cordon ombilical, lait maternel).

Ils se trouvent dans les produits de consommation courante : alimentation, eau, cosmétiques, meubles, produits d’entretien, jouets, vêtements, revêtements, médicaments…

L’OMS a classé 800 substances. En 50 ans la production de l’industrie chimique a multiplié ses volumes par 300 (Source : ONU).

Les composés chimiques sont classés par le CIRC (le CIRC est une agence de recherche sur le cancer de l’OMS, basée à Lyon – Centre International de Recherche sur le Cancer) en 5 catégories :

  • Groupe 1 agents cancérogènes
  • Groupe 2A probablement cancérogènes
  • Groupe 2B cancérogènes possibles,
  • Groupe 3 inclassables quant à leur cancérogénicité
  • Groupe 4 probablement pas cancérogènes

Plus d’infos sur: http://www.cancer-environnement.fr/226-Classification-du-CIRC.ce.aspx#Le_classement_des_agents_examin_s_par_le_CIRC

7 grandes familles de perturbateurs endocriniens (PE)

  • Bisphénols – BPA, BPS (industrie plastique, emballages alimentaire, électronique, vaisselle)

Le BPA est un perturbateur endocrinien avéré. Il est interdit au sein de l’Union Européenne dans les biberons. La France est allée plus loin en l’interdisant de tous les contenants alimentaires. De ce fait, on retrouve énormément de BPS, qui est suspecté d’agir comme le BPA, mais non interdit.

  • PhtalatesDEHP, DBP, BBP(additifs plastifiant du PVC souple : cosmétiques, jouets, nappes, sols, câbles)
  • Pesticides(produits phytosanitaires, retrouvés dans l’alimentation, l’eau courante)
  • PCB – PolyChloroBiphényles ou pyralènes (adhésifs, peintures, industrie, retrouvés dans les poissons, l’eau)
  • HAP – Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques(issus de fumées, moteurs diesels)
  • Métaux lourds – cadmium, mercure, plomb (issus de l’activité industrielle, retrouvés dans l’eau, les végétaux, les céréales)
  • Retardateurs de flammes bromés – PBDE(mousses dans le mobilier, tapis, électronique)

(Source : 60 millions de consommateurs, n°526, mai 2017)

Notre exposition

Les cheveux des franciliennes

Une étude lancée par l’association Générations Futures, réalisée début 2015, sur des femmes en âge de procréer, par un laboratoire spécialisé dans l’évaluation de l’exposition des populations aux polluants, a montré la présence de 21 PE en moyenne.

Parmi les substances retrouvées, plusieurs sont interdites en France, dont 7 dans tous les échantillons (herbicides, fongicides, insecticides).

Nos enfants

L’institut national de la consommation, 60 millions de consommateurs, a mené une analyse en prélevant des cheveux sur un panel d’enfants au début de l’année 2017. Il en ressort que l’on trouve jusqu’à 54 contaminants par enfant, en ville comme en zone rurale, dont  34 molécules répertoriées comme perturbateurs endocriniens potentiels.

Pourquoi retrouve-t-on des substances indésirables dans les produits vendus en masse, comment est-ce possible ?

On ne légifère pour interdire des substances que lorsqu’elles sont reconnues scientifiquement et unanimement comme nocives pour l’Homme, selon des protocoles qui prennent plusieurs années. C’est ainsi que nous avons pu absorber quantités de Bisphénols A avant qu’ils ne soient interdits.

Et il reste : toutes celles que l’on n’a pas testées, celles pour lesquelles les débats sont en cours, et celles qui sont reconnues comme « perturbateurs probables ».  Ainsi la Commission Européenne a dressé une liste d’une trentaine de substances  parfumantes allergisantes à proscrire dans les cométiques, alors que le comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (SCCS) en a identifié plus de 80 qui pourraient y figurer.

Par exemple, le méthylisothiazolinone, un perturbateur endocrinien soulevé en 2012 par les dermatologues et autorisé, a été interdit… courant 2017, et uniquement dans la composition des produits non rincés.

Par ailleurs, certaines substances sont interdites dans certaines catégories de produits seulement. Par exemple, c’est le cas de certains phtalates plastifiants interdits dans les cosmétiques mais présents dans des produits que les enfants peuvent porter à la bouche.